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L’IDHRV-ARMIL demande instamment au Forum des Nations Unies sur les droits de l’homme des minorités de prendre des mesures efficaces pour protéger les femmes syriennes issues de minorités contre les enlèvements, l’exploitation sexuelle et les abus
Genève, Suisse – 27 novembre 2025

Le professeur Jens Kreinath réclame la protection des minorités
Lors de la 18e session du Forum sur les questions relatives aux minorités du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ONU) à Genève (*1), le professeur Jens Kreinath, directeur de L’Institut pour la documentation des violations des droits humains à l’encontre des minorités religieuses au Levant (IDHRV-ARMIL), a dénoncé avec force, dans son discours de deux minutes, les violences persistantes à l’encontre des femmes syriennes issues de minorités religieuses :
« Au nom des Américains alaouites, je tiens à exprimer mon inquiétude concernant les femmes syriennes issues de minorités, en particulier les alaouites, qui ont été victimes d’enlèvements et d’exploitation sexuelle. »
L’institut qu’il dirige a déjà recensé 125 cas dans lesquels des femmes issues de différentes communautés religieuses ont été enlevées et victimes d’abus sexuels, voire de viols.
« L’enlèvement systématique de femmes non sunnites, traitées comme des « butins de guerre », révèle la complicité des autorités »,
a déclaré le professeur Kreinath. Selon des témoins oculaires, les familles concernées sont intimidées et réduites au silence, ce qui renforce encore l’impunité de ces crimes.
Dans son discours, le professeur Kreinath a notamment souligné l’implication possible des forces de sécurité et des autorités syriennes. Selon l’expert, la coopération avec ces dernières est plutôt rare et les enquêtes sont souvent bloquées.
Dans onze cas documentés, les forces de sécurité du gouvernement syrien auraient directement participé aux enlèvements. Dans le présent manuscrit, le professeur Kreinath souligne que les auteurs ont souvent pu passer plusieurs points de contrôle avec leurs victimes sans que les forces de sécurité n’interviennent, ce qui témoigne d’une complicité généralisée et de l’absence de poursuites pénales efficaces et garanties.
Il a également souligné les pratiques similaires de l’« État islamique » (EI) et d’Al-Qaida, qui instrumentalisent les femmes par le biais de mariages forcés et de violences sexuelles. Ce modèle récurrent de violence à l’égard des femmes issues de minorités religieuses et ethniques s’inscrit dans une stratégie à grande échelle visant à diviser les communautés, à semer la peur et à étendre et consolider le pouvoir sous le couvert d’idéologies religieuses.

Outre la situation alarmante en Syrie, le professeur Kreinath a également souligné dans son discours la situation précaire des femmes réfugiées syriennes qui ont dû fuir la violence en Syrie pour se réfugier au Liban.
« Ces femmes y sont gravement menacées par la traite des êtres humains, l’exploitation et la détention arbitraire »,
a-t-il averti. Là encore, il a plaidé en faveur d’un soutien international renforcé et efficace afin de garantir une protection effective à ces femmes.
« Conformément aux demandes visant à renforcer la protection des femmes issues de minorités dans les zones de conflit, les agences des Nations Unies et les États membres doivent prendre des mesures urgentes pour identifier clairement les femmes syriennes issues de minorités comme victimes de la traite des êtres humains, et non pour les punir
a-t-il déclaré. D’autres demandes concernaient des mesures de protection spécifiques au genre, telles que l’assistance juridique, la surveillance indépendante des conditions de détention et la fin du refoulement des femmes fuyant les persécutions.
« Les femmes issues de minorités vulnérables ont droit à la protection, à la dignité et à la justice en vertu du droit international »,
a souligné le professeur Kreinath.
Il a également demandé que tous les acteurs étatiques et non étatiques impliqués dans la traite des êtres humains soient clairement tenus responsables, que les atrocités soient correctement documentées, que les membres les plus vulnérables des minorités religieuses soient protégés, d’étendre le mandat du rapporteur spécial des Nations unies sur la Syrie, de garantir les droits des minorités et une gouvernance inclusive, et d’empêcher un nouveau génocide.
Mutaz Zakia sur la situation des réfugiés alaouites de Syrie
En tant que délégué de l’IDHRV-ARMIL, Mutaz Zakia a rendu compte du cas, déjà largement documenté par l’Institut, des 22 réfugiés alaouites de Syrie.


Il a été prouvé que ces réfugiés avaient été jetés par-dessus bord par des membres d’équipage d’un navire de sauvetage des garde-côtes grecs dans les eaux internationales, juste au large de la côte de Muğla, puis récupérés et sauvés en Méditerranée par les garde-côtes turcs.
Zakia a déclaré devant le Forum des Nations Unies que les réfugiés vivaient non seulement dans des conditions inhumaines, mais qu’ils étaient également victimes de mauvais traitements verbaux et non verbaux, et que beaucoup d’entre eux subissaient des pressions pour retourner « volontairement » en Syrie. L’IDHRV-ARMIL a déjà autorisé des membres du barreau turc à saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en application de la règle 39 afin de garantir la protection des personnes grâce à un couloir de fuite sécurisé. (*2)
Impressions du Forum sur les questions relatives aux minorités
Mme Lemia Yiyit, l’une des deux membres de la délégation allemande de l’IDHRV-ARMIL, a souligné l’importance du Forum des Nations Unies en ces termes :
« Les Nations Unies ont été fondées en 1945 afin de préserver la paix mondiale, de renforcer la sécurité internationale, de protéger les droits de l’homme et de promouvoir la coopération entre les États. Lors de la 18e session du Forum des Nations unies sur les questions relatives aux minorités, les minorités du monde entier ont bénéficié d’une tribune importante pour attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme dans leurs pays, une chance qui leur est souvent refusée. »


Représentants de différentes
organisations de défense
des droits humains pour les minorités
Prise de position (Policy Paper) et communiqué de presse
Lors du Forum des minorités, l’Institut IDHRV-ARMIL a remis au Rapporteur spécial des Nations Unies, le professeur Nicolas Levrat, un résumé de sa prise de position (Policy Paper) intitulée « Protection des droits des minorités et forme de gouvernement inclusive ».
> Vers la version allemande du document Policy Paper
> Vers la version anglaise du document Policy Paper
> Vers la version française du document Policy Paper
> Vers la version turque du document Policy Paper
Le document de synthèse élaboré par le professeur Kreinath et ses conseillers ainsi que les recommandations soulignées dans son discours pourraient revêtir une importance décisive pour l’avenir de la Syrie, dans la mesure où le représentant spécial des Nations unies, le professeur Levrat, est actuellement en train de finaliser son rapport annuel sur la situation des droits humains des minorités religieuses, linguistiques et ethniques et recherche de toute urgence des solutions à la situation des minorités en Syrie.

Rencontre avec le représentant spécial
des Nations Unies pour les minorités,
le professeur Nicolas Levrat
À l’issue de la conférence, plusieurs organisations ont publié des communiqués de presse.
Mme Lemia Yiyit a résumé ainsi ses impressions et son expérience au siège des Nations Unies à Genève :
« Je suis reconnaissante que nous ayons également pu participer au nom de notre institut et rendre compte des violations des droits humains commises à l’encontre des alaouites, des chrétiens, des druzes et d’autres minorités religieuses, linguistiques et ethniques en Syrie. »
Le professeur Kreinath a insisté sur le fait que l’équipe IDHRV-ARMIL s’efforce de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Il a ajouté que son institut documente les atrocités commises par des acteurs étatiques et non étatiques. Il a conclu en soulignant que « la guerre et la propagande contre les minorités religieuses doivent cesser ».
Notes de bas de page
(*1)
Liens vers la 18e session du Forum sur les questions relatives aux minorités du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (ONU) à Genève :
https://www.ohchr.org/fr/events/forums/2025/eighteenth-session-forum-minorities-issues
Première réunion :
27 novembre 2025, 10h00 – 13h00
https://webtv.un.org/en/asset/k1j/k1j3nv0q9b
Quatrième réunion :
28 novembre 2025, 15h00 – 15h30
https://webtv.un.org/en/asset/k15/k15d5osof3
(*2)
Voir à ce sujet le guide pratique publié par le HCR sur l’article 39 du règlement de la Cour européenne des droits de l’homme à l’intention des personnes ayant besoin d’une protection internationale :
et
Plus de photos du congrès


Présidente de séance
Mme Caroline Ziadeh
(ambassadrice et représentante du
secrétaire général des Nations unies)

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> Pour lire la version turque de cet article, veuillez cliquer ici.
Auteurs de cet article :
Hüseyin Barış Öztürk, en collaboration avec la rédaction de l’IDHRV-ARMIL
Équipe de correction :
Gabriele Shenar, Refika Sarıönder, Serdar Paulo Erdost
Photos :
Lemia Yiyit, Mutaz Zakia et Professeur Jens Kreinath
Extraits photos tirés des vidéos :
UN Web TV, United Nations Human Rights Council
Article publié sur Alevi-Portal le 05/12/2025
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